L’édition 2021 du prix Goncourt met sous le feu des projecteurs un jeune écrivain prometteur : Mohamed Mbougar Sarr. Son livre La Plus secrète mémoire des hommes a su convaincre les jurys et a promu l’écrivain comme le plus jeune à avoir été récompensé du prestigieux prix français depuis Patrick Grainville qui fut primé à seulement 29 ans en 1976.
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ToggleLe prix Goncourt : Une longue histoire littéraire
Le prix Goncourt est un prix littéraire français créé en 1892 par le testament d’Edmond de Goncourt, grand écrivain naturaliste du XIXᵉ siècle. Il vise à récompenser l’expression française et il est géré par l’académie éponyme : l’Académie Goncourt. Pour pouvoir participer au Prix, il faut nécessairement avoir écrit en français et que le roman ait été publié par un éditeur francophone. Lorsque les conditions sont remplies et que les livres sont en lice, il y a trois étapes de vote. Aussi, chaque année de début septembre à fin octobre, 15 noms sont donnés, puis 8 et enfin 4 jusqu’à la proclamation du vainqueur.
Le Prix a reconnu l’œuvre de grands écrivains comme Romain Gary qui d’ailleurs l’a doublé sous le pseudonyme d’Émile Ajar. En effet, une fois que l’on a remporté un prix Goncourt, il n’est plus possible de le remporter une seconde fois pour une autre œuvre. Or, le célèbre écrivain ne l’a pas entendu de la même oreille.
L’année dernière en 2020, c’était Hervé Le Tellier qui était récompensé pour son œuvre l’Anomalie.
Cette année, le Prix a mis Mohamed Mbougar Sarr grand sous le feu des projecteurs.
Mohamed Mbougar, La Plus Secrète Mémoire des hommes
Ce mercredi 3 novembre à midi, le prix Goncourt a reconnu l’œuvre de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Celui-ci est le fils d’un médecin sénégalais, il est parti en France pour ses études et a intégré l’École des hautes études en sciences sociales.
La Plus Secrète Mémoire des hommes met en scène un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, double de Mohamed Mbougar lui-même. Le personnage part à la recherche d’un mystérieux aïeul disparu juste avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale et qui aurait publié un livre culte.
Face à quelles autres œuvres La Plus secrète mémoire des hommes a-t-elle gagné ?
Mohamed Mbougar était au coude à coude avec trois autres écrivains, résultat de la dernière sélection. Il s’agissait de Christine Angot pour « Le voyage dans l’Est », Louise-Philippe Dalembert pour « Milwaukee blues », Sorj Chalandon pour « Enfant de salaud ».
- Voyage dans l’Est, Christine Angot
Christine Angot est connue pour ses prises de parole déstabilisantes qui chez certains la rende insupportable, pour d’autres touchantes. Son œuvre est marquée par les traumatismes qu’elle a vécus jeune, notamment des viols répétés qu’elle a subis par son père.
Voyage dans l’Est n’y déroge pas. Il s’agit d’un roman autobiographique où elle partage son expérience de l’inceste.
- Milwaukee Blues, Philippe Dalembert
Philippe Dalembert est écrivain haïtien qui est venu en France poursuivre des études de journalisme et de littérature à la Sorbonne Nouvelle et à l’École supérieure de journalisme de Paris. Il a ensuite suivi une carrière d’enseignant dans différents instituts d’enseignement supérieur, tout en écrivant à côté.
Son ouvrage Milwaukee Blues s’inspire de l’affaire médiatique et politique George Floyd. Il relate l’histoire d’un homme mort injustement en raison de sa couleur de peau. Le livre dresse un portrait tendre et poignant de la victime sommes toute assez ordinaire qui meurt suite à des violences inouïes disproportionnées et injustes.
- Enfant de salaud, Sorj Chalandon
Sorj Chalandon est né à Tunis. En France, il a fait une grande carrière journalistique puisqu’il participe à la création du journal Libération, avant de devenir rédacteur au Canard Enchainé. Il a écrit de nombreuses œuvres et a déjà été récompensé à de multiples reprises, y compris du prestigieux prix Médicis ou encore le Goncourt des lycéens.
Enfant de salaud met en scène le double romanesque de Sorj Chalandon. Celui-ci est le fils d’un nazi collaborateur dont le procès s’ouvre dans le livre. C’est un double procès, celui du criminel de guerre, mais également du père. Le roman transmet avec pudeur les émotions bouillonnantes du fils oscillant entre le désespoir, la colère et la culpabilité.