Camaïeu est en procédure de redressement judiciaire

Après le groupe Orchestra-Prémaman le 29 avril et Naf Naf le 15 mai, c’est au tour de l’enseigne de prêt à porter Camaïeu de faire l’objet d’une procédure de redressement judiciaire. Le secteur de l’habillement, au même titre que celui des chaussures ou même de l’ameublement, semble avoir été touché de plein fouet par la crise sanitaire du covid-19.

Les raisons de la mise en redressement judiciaire de Camaïeu

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Fondée en 1984 par 4 hommes désireux d’offrir aux femmes une large gamme de vêtements, sans cesse renouvelée par des nouveautés, Camaïeu comptabilise aujourd’hui plus de 37 millions de clientes par an et 70 millions de produits vendus chaque année.

Installée dans le nord de la France à Roubaix, l’entreprise qui compte près de 3 900 salariés et 634 magasins en France (et plus de 180 à l’étranger) est une des victimes de la crise sanitaire du coronavirus. Contrainte de fermer les portes de ses magasins pendant près de 2 mois suite au confinement imposé en France, l’enseigne qui semblait déjà connaître quelques difficultés, a rapidement ressenti un besoin en trésorerie en l’absence de rentrées d’argent.

En effet, l’entreprise avait sollicité un PGE mais ce dernier ne lui a pas été accordé. Le géant du prêt-à-porter a donc dû se résoudre à se mettre sous la protection de la justice et a sollicité, mardi 26 mai, l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire devant le tribunal de commerce de Lille.

Le PGE en quelques mots 

Le PGE, dont les initiales correspondent à Prêt Garanti par l’Etat est tout simplement un prêt mis à la disposition des entreprises dont la trésorerie est impactée par l’épidémie du Covid19, peu importe leur taille ou leur statut. Cette aide a été mis en place par l’Etat jusqu’au 31 décembre 2020. Le but de cette aide est de pallier les besoins en trésorerie afin d’éviter la faillite des entreprises.

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Pour obtenir un tel prêt, les sociétés doivent demander un prêt à leur banque habituelle ou à un intermédiaire en financement participatif. La banque va d’abord donner un pré-accord et la démarche se poursuit ensuite en ligne auprès de la BPI France. Si cette dernière fait droit à la demande, elle communique un numéro unique à l’entreprise qui le transmet à sa banque afin de débloquer le montant du prêt.

Ce prêt peut être alloué aussi bien aux sociétés qu’aux commerçants, artisans, exploitants agricoles, professions libérales, micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs) mais également aux associations et fondations qui ont une activité économique.

Par ailleurs, les entreprises déjà en procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire au 24 mars 2020 et même les sociétés en cours de procédure amiable (conciliation et mandat ad ‘hoc) sont éligibles à cette aide de l’Etat.

L’Etat a vocation à garantir 70% du montant du prêt mais peut couvrir jusqu’à 90% du montant du prêt pour les plus petites entreprises. Si le remboursement d’un tel crédit n’est pas exigé la première année, il ne peut excéder une durée de 5 ans.

En l’absence de cette aide, Camaïeu n’a vraisemblablement pas eu d’autres choix que de recourir à la procédure judiciaire du redressement.

La procédure de redressement judiciaire au service du retournement des entreprises

Si cette procédure est souvent mal considérée par les entreprises, c’est surtout par manque d’informations à son sujet et elle est souvent assimilée à tord à la liquidation judiciaire.

Pour rappel, la liquidation judiciaire correspondant à une procédure judiciaire qui est ouverte à l’encontre d’un débiteur qui est en état de cessation des paiements et dont le redressement est manifestement impossible. Une entreprise est en état de cessation des paiements lorsqu’elle ne peut plus faire face à son passif exigible avec son actif disponible.

La liquidation judiciaire s’applique à toute personne exerçant une activité commerciale, artisanale ou une activité agricole mais aussi à toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante, y compris une profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé, ainsi qu’à toute personne morale de droit privé (article L 640-2 du Code de commerce).

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Cette procédure est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise.

Elle peut être ouverte soit à la demande d’un créancier par assignation, soit à la demande du débiteur (en déclarant sa cessation des paiements auprès du greffe du tribunal de commerce territorialement compétent) soit à la demande du procureur de la République.

Elle est en principe clôturée dans les 2 ans après son ouverture (ce délai peut être raccourci ou allongé).

En revanche, le redressement judiciaire correspond à la procédure qui est ouverte lorsqu’un débiteur se trouve en état de cessation des paiements mais dont le redressement est encore possible. La procédure vise à poursuivre l’activité, apurer les dettes et maintenir l’emploi des salariés. A l’issue d’une période d’observation qui peut durer entre 6 et 18 mois, la procédure prend fin soit par une conversion en liquidation judiciaire, soit par l’adoption d’un plan de redressement (permettant d’étaler les dettes antérieures à l’ouverture du redressement sur plusieurs années) soit par l’adoption d’un plan de cession. Dans ce dernier cas, des candidats repreneurs de l’entreprise sont recherchés et celle-ci est cédée au mieux-disant concernant le maintien de l’emploi notamment.

Catherine OSSON, députée LREM du Nord espère qu’un repreneur pourra être trouvé pour sauver l’enseigne de prêt-à-porter et ainsi préserver cette entreprise et ses salariés.

D’ailleurs, le groupe Orchestra-Prémaman fait pour sa part l’objet d’un plan de cession auprès du tribunal de commerce de Montpellier. Son sort sera tranché ce mardi 2 juin à 14h, date à laquelle le tribunal doit rendre sa décision quant au choix du repreneur. Le 26 mai, deux offres ont été examinées par les juges du tribunal de commerce. L’offre du premier candidat repreneur est celle de son président fondateur, Pierre Mestre et le deuxième candidat est un groupe saoudien Al-Othaim.

On ne peut que souhaiter au géant de l’habillement Camaïeu de trouver lui aussi un candidat repreneur lui permettant de connaître un nouveau souffle.

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