Argenteuil : des violences urbaines suite au décès d’un jeune à moto

Dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 mai, un jeune homme âgé de 18 ans a perdu la vie après avoir heurté un poteau électrique en béton sur un trottoir à Argenteuil (Val d’Oise – 95) alors qu’une voiture de police de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) de Ermont (ville du Val d’Oise) se trouvait à proximité. Cette affaire a provoqué une série de violences urbaines.

L’ouverture d’une enquête suite au décès d’un jeune à moto

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Alors qu’il circulait en pleine nuit sans casque et sans lumière sur une moto non homologuée, Sabri, 18 ans a heurté de plein fouet un poteau électrique après avoir vu une voiture de la BAC. La rue dans laquelle il circulait étant étroite, le jeune à moto a décidé d’emprunter le trottoir pour continuer son chemin. 

L’enquête ouverte par le parquet dimanche soir 17 mai a permis de mettre hors de cause les policiers de la BAC et notamment d’exclure la possibilité qu’il y ait eu un choc entre le conducteur de la moto et la voiture de la BAC.

Le parquet a en effet indiqué que les premières constations de l’enquête ont permis de mettre en exergue l’absence de poursuite du jeune par le véhicule de la BAC mais également l’absence de collision entre les deux engins à moteur.

La victime âgée de 18 ans est décédée des suites d’un traumatisme crânien causé par le choc avec le poteau électrique.

Ce décès pourtant accidentel n’a pas manqué de raviver les tensions dans certains quartiers sensibles du département. Le Val d’Oise est en effet le théâtre depuis une dizaine de jours d’échauffourées entre les jeunes de quartiers et la police.

Nuits d’émeutes à Argenteuil

Peu de temps après le décès du conducteur de la moto non homologuée, le commissariat d’Argenteuil a reçu un appel visant à intimider les policiers en leur indiquant qu’ils devaient s’attendre à ce que les émeutes qui en découleront soient pires qu’en 2005. Scènes d’échauffourées et heurts dans les quartiers d’Argenteuil ponctuent les nuits de travail des policiers de la ville depuis cet accident…

En effet, les violences urbaines s’enchaînent à Argenteuil.

Tirs aux mortiers, cocktails molotov, pavés, boules de pétanque, les émeutiers sont bien décidés à en découdre. L’usage de tels armes et projectiles témoignent de l’intention de ces derniers de s’en prendre à l’intégrité physique des policiers.

Le poste de police du quartier du Val d’argent Nord a été la cible de certains jeunes mal intentionnés qui ont tenté de fracturer le rideau de fer du poste après avoir cassé deux fenêtres. Pour rappel, dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 mai, des émeutiers avaient déjà essayé s’en prendre à ce poste de police en tentant de l’incendier (après avoir disposé des palettes en bois devant). C’est en voulant faire fuir ces individus que les policiers ont été la cible de jets de projectiles et de tirs de feux d’artifice.

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Depuis l’accident de jeune Sabri, 5 policiers ont été blessés lors de ces violences urbaines.

Vers la mise en place d’un plan d’action « plus global » contre les rodéos urbains

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé il y a quelques jours qu’il venait de confier à deux députées LREM l’élaboration d’un nouveau plan d’action contre les rodéos urbains. Le ministre a souhaité la mise en place d’un tel plan après son déplacement dans un commissariat du 15ème arrondissement de Paris, après qu’un rodéo ait eu lieu sur le périphérique parisien le 15 mai, au cours duquel un policier a été blessé.

Christophe Castaner a fait part de son souhait de « relever, plus encore, le défi des saisies des véhicules », ayant conscience que la saisie entrave la continuation des rodéos urbains. Il a précisé en ce sens

«… en confisquant les motos, les quads et les scooters des délinquants, nous les privons de leur capacité à nuire, à se mettre eux-mêmes en danger ». 

Le ministre a d’ailleurs relevé le fait que les rodéos urbains ont continué durant le confinement. Il indique que « les interventions pour des faits de rodéos urbains ont augmenté de 15% » et que « 337 infractions ont été relevées ».

Rappelons que depuis une loi d’août 2018, le rodéo urbain est devenu un délit. Le contrevenant s’expose à 1 an de prison ferme et 15 000 euros d’amende, peine doublée lorsque le rodéo est commis en réunion. Cette nouvelle loi a d’ailleurs permis à la police d’intervenir et de contrôler légalement les individus se livrant à de tels agissements en deux roues.

Si une telle mesure peut être saluée, le secrétaire national Ile de France du syndicat de police Alliance, Yvan Assioma lors d’un interview pour Sud Radio semble sceptique dans la mesure où ce dernier demande à ce que la loi sur les rodéos urbains soit appliquée de manière plus ferme et que les peines soient portées au maximum de ce que prévoit la loi.

La relance du vif débat autour de la culture anti-flic

A chaque incident ou décès accidentel dans lesquels la police est mêlée de près ou de loin, une défiance particulière envers la police est remise au goût du jour notamment dans les quartiers sensibles. Ce phénomène qui n’est pas nouveau, et accentué ces dernières années par la haine anti-flics déversée sur les réseaux sociaux. En effet, les réseaux sociaux permettent de relayer rapidement des informations, notamment des fake news qui prennent généralement de l’ampleur. Les réseaux sociaux sont devenus le nouveau théâtre des jeunes qui appellent à la violence dans les cités ou à la haine contre la police.

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Il faut rappeler que les émeutes qu’ont connues la France en 2005 étaient déjà dues à la mort accidentelle de deux jeunes, Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy sous Bois (ville du département de la Seine Saint Denis – 93).

Le 27 octobre 2005, tentant d’échapper à un contrôle de police, les deux adolescents âgés de 15 et 17 ans sont morts électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique dans lequel ils s’étaient réfugiés.

De très vifs affrontements et scènes d’échauffourées contre la police ont embrasé la ville de Clichy sous Bois dans les jours qui ont suivi le décès des deux jeunes. Plus de 10 000 voitures et 300 bâtiments avaient été brûlés à l’époque.

Une autre affaire a suscité de nombreuses réactions dans des quartiers sensibles et sur les réseaux sociaux. Il s’agit de l’affaire du jeune Adama Traoré, décédé le jour de ses 24 ans, dans la cour de la gendarmerie de Persan (département du Val d’Oise – 95) suite à son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise. Suite à ce décès, une expertise médicale a été ordonnée et a fait ressortir que le pronostic vital du jeune homme était « engagé de façon irréversible » avant son arrestation, dans la mesure où il souffrait d’une maladie génétique et d’une pathologie rare. Son décès avait très largement relancé le débat sur les violences policières notamment celles commises à l’encontre des personnes de couleur de peau noire.

De la même manière, après l’interpellation musclée par quatre policiers de Théodore Luhaka, connu comme Théo, âgé de 22 ans, dans le quartier de la Rose-des-Vents à Aulnay-sous-Bois en Seine Saint Denis, de nombreux messages ont été diffusés sur les réseaux sociaux afin d’attiser la haine et promouvoir les violences urbaines.

On se souvient d’un tweet qui indiquait « Justice pour Adama, Theo, Bouna, Zyed et les autres » avec une image montrant un homme faisant semblant de braquer ses doigts comme une arme avec l’écriture « jte shoot un keuf » (@OPduFGS). Pour un bon nombre de jeunes, « l’affaire Théo » a été un prétexte pour aller « casser du flic ».

https://twitter.com/OPduFGS/status/828027805782962177?s=20

Face à ces tensions et aux violences urbaines qui continuent de sévir à Argenteuil, la police prône le pacifisme du dialogue. Dans une interview publiée le 28 mai au magazine Le Point, Frédéric Lauze, directeur départemental de la sécurité publique, patron de la police dans le département du Val d’Oise a mis en avant le fait que :

« il est nécessaire d’avoir un discours responsable pour sauver des vies et éviter des violences urbaines qui pourrissent la réputation de quartiers qui pourtant regorgent d’énergie et d’atouts. Les discours déresponsabilisant et les postures victimaires prétextes à des violences urbaines et à des attaques contre les policiers sont injustifiables ».

Pour l’heure on ne sait pas si les scènes d’émeutes vont prendre fin rapidement ou vont continuer de se propager comme à Strasbourg et Mulhouse ces derniers jours.

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