Le réchauffement climatique a suscité la problématique d’un monde écologique au sein de la société après le premier Sommet de la Terre en mai 1992 à Rio. Face à l’exploitation humaine de la nature, un nouveau courant de pensée a vu le jour, c’est l’écoféminisme. Allons à la genèse de cette nouvelle thématique.
L’écoféminisme qu’est-ce que c’est ?
Issu de la contraction inédite de l’écologie et du féminisme, l’écoféminisme est un courant de pensée qui soutient que la révolution féministe est nécessaire à la révolution écologique. Puisque le sexe masculin domine sur tous (les femmes et la nature), l’écoféminisme associe les femmes à la nature pour mieux dénoncer la domination masculine. Ainsi, la révolution dite écologique ne peut se faire sans la révolution féministe, car, elle est la seule remède au système de domination des hommes. La voix des femmes doit alors se faire entendre au sein d’une éthique environnementale qui est en perte de valeur. Elle n’appelle pas à une lutte sanglante entre sexe masculin et féminin, mais à la non-violence et au pacifisme. Ce courant de penser n’affirme pas que les femmes sont plus proches de la nature que les hommes, c’est un nouvel humanisme qui appelle les femmes à une prise de conscience face à la crise environnementale qui se résume, en deux phénomènes majeurs la surpopulation et l’agriculture intensive.
D’où vient l’écoféminisme ?
Apparu en 1972, le mot écoféminisme a été introduit dans la littérature par Françoise d’Eaubonne dans son ouvrage Le féminisme. L’auteur reprend dans cet ouvrage les analyses de Simone de Beauvoir. Elle affirme que les femmes doivent de s’émanciper dans leur rôle naturel de mère dans laquelle la société les a cantonnées. Ces rôles désignés sous le thème d’immanence comprennent l’ensemble des tâches domestiques que les hommes ont imposées à leurs femmes et l’enfantement qui est bien sûr un droit naturel chez eux. L’émancipation est le seul moyen d’échapper à l’immanence selon lui. Il ne peut y avoir de liberté que contre nature, ne pas avoir d’enfants pour une femme l’est, mais elle ne remet pas en cause le caractère naturel de la maternité. De même, il démontre la nécessité d’indépendances financières des femmes vis-à-vis des hommes. Elle les encourage à une autonomie économique et à transcender leur état de nature sur le modèle masculin en travaillant à transformer l’environnement en vie d’en tirer des profits. De ce fait, l’émancipation des femmes passe par un travail sur la nature afin d’émerger.
Cependant, l’auteur reconnait que c’est Serge Moscovici qui serait à l’origine de la pensée écoféminisme. Selon lui l’égalité des sexes tant prônés ne se fonde pas sur une démarche scientifique de l’esprit ni sur une théorie analytique, mais répond à un vœu de cœurs et bien entendu à un besoin de justice, de partialité. Pour lui, la nature est une construction sociale, elle n’existe pas en dehors de la société, ni en elle-même, ni au-delà de l’action que les hommes ont sur elle. Selon l’auteur, c’est la société qui a créé les inégalités, la nature ne porte en lui aucune inégalité sociale. Il dénonce de ce fait les l’abus que l’on fait de la nature dans la sphère sociale ; les faits sociaux sont décrits comme des effets de la sélection naturelle, qui passe pour être le principe explicatif de tout ce qui arrive là où il y a des êtres vivants.
Françoise d’Eaubonne a également écrit de nombreux ouvrages après Le féminisme, elle y dénonce l’organisation sexiste de la société qui a favorisé l’inégalité des sexes et au saccage de la nature. C’est le sexe masculin qui est responsable de la destruction de la nature en construisant une société de domination, une civilisation sexiste et scientiste.
L’écoféminisme prendra une autre dimension avec les féministes anglo-saxonnes qui vont lui donner une dimension politique, et la transformer en un outil de revendication sociale. Les femmes sont considérées comme des externalités économiques que le système économique exploite sans une rémunération. Le travail des femmes est invisible dans la société, elles sont sous-payées ou pas du tout.
En sommes, l’écoféminisme prône un monde plus juste, équitable et respectueux de la nature.