La collectivité territoriale de Nouvelle-Calédonie (269 000 habitants) a rejeté sa rupture avec la France lors d’un référendum prévu depuis 1998 : 56,4% des voix (78 361 voix) ont dit » non » à l’indépendance, soutenue par 60 573 électeurs (43,6% des voix).
La Nouvelle Calédonie choisit de rester en France
Après que le résultat officiel et définitif ait été connu, le dimanche 4 après-midi, Emmanuel Macron a prononcé un bref discours adressé à l’ensemble de la nation, soulignant son « immense fierté » devant un vote historique et une décision qui devrait résoudre un problème aux dimensions tragiques dans les années 80 et 90 du siècle dernier, lorsque le radicalisme de l’indépendance, une minorité, s’est toujours achevé par plusieurs bains de sang.
La démographie, l’histoire, l’économie, la société et la culture suggèrent depuis des années un rejet significatif de toute indépendance inconstante de l’archipel et de l’ancien département ou territoire d’outre-mer.
La fragmentation géographique de l’archipel complique grandement la gestion de la collectivité territoriale de Nouvelle-Calédonie, qui dépend essentiellement des subventions de l’État français. Il existe de grandes différences de toutes sortes dans les différentes îles de l’archipel, à commencer par la répartition de la richesse.
La fragmentation démographique confirme un multiculturalisme aux visages très divers. Trente-neuf pour cent de la population sont des Kanaks (groupe ethnique d’origine de l’archipel avant la colonisation), 27 pour cent sont des Européens, essentiellement français, et 33/34 pour cent sont d’origine très diverse, essentiellement asiatique. Une telle diversité d’une population de 269 000 habitants complique grandement toute tentation sécessionniste, en l’absence d’une conscience « nationale » claire.
La fragmentation culturelle complique également toute tentation sécessionniste. En Nouvelle-Calédonie, le français est la langue officielle et majoritaire. Mais ils parlent aussi, dans une autre mesure, une vingtaine d’autres langues, d’une influence culturelle réelle mais très minoritaire. Le canaco est peut-être la deuxième langue importante, mais il existe plusieurs formes de canaco, qui tente d’harmoniser une Académie des langues canacanes.
La fragilité économique complique grandement toute tentation de « souveraineté ». L’exploitation du nickel et le tourisme sont les premières sources de richesse de l’archipel, dont les services publics sont massivement subventionnés par l’Etat français. La Nouvelle-Calédonie possède 11 % des réserves mondiales de nickel. Mais son exploitation nécessite des ressources d’une certaine ampleur. 30 % des ressources des collectivités locales sont financées par les contribuables français.
Après la grande crise des années 1980, avec plusieurs bains de sang dramatiques, la collectivité territoriale de Nouvelle-Calédonie dispose, depuis 1998/1999, de certains pouvoirs locaux très limités, avec un pouvoir législatif très dépendant des budgets de l’Etat français. Les accords de Numea (capitale de la Nouvelle-Calédonie), en 1998, avaient prévu la tenue d’un premier référendum pour décider, vingt ans plus tard, de l’avenir institutionnel de l’archipel. C’est le référendum tenu le dimanche 4 novembre, avec un rejet clair et massif de la sécession. En votant » non » à l’indépendance, les habitants de l’archipel français, autochtones et européens, confirment définitivement leur décision d’être français, avec un statut autonome particulier, qui pourrait être nuancé, en termes de ressources et infrastructures locales et régionales.