Elections controversées dans les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine

Malgré les critiques et les avertissements de l’OSCE et de la plupart des pays occidentaux, les autorités rebelles des républiques séparatistes d’Ukraine orientale, Donetsk et Lugansk, se préparent aujourd’hui à organiser des « élections » pour élire leurs dirigeants et députés respectifs des « Conseils du peuple ».

Des élections controversé en Ukraine

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été la dernière à condamner une décision qui viole les accords de paix de Minsk. Ces élections ont également été critiquées et même qualifiées de « fictives et illégitimes » par l’Union européenne, les États-Unis et les autorités de Kiev. Selon Enzo Moavero, Président en exercice de l’OSCE et Ministre italien des affaires étrangères, les élections dans l’est de l’Ukraine « vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit des accords de Minsk ».

Le président ukrainien, Piotr Porochenko, estime que « la Russie aurait dû influencer pour éviter la tenue d’élections et a fait le contraire, démontrant ainsi qu’elle ne veut pas favoriser une solution pacifique ». Selon lui, « les résultats de cet appel ne seront jamais reconnus par la communauté internationale (…) et conduiront à l’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie ».

Mais à Moscou, ils pensent différemment. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré mardi que les élections organisées par les séparatistes « ne violent pas les accords de paix. Selon Peskov, « ce sont les autorités de Kiev qui montrent peu de volonté de voir ce qui a été convenu à Minsk mis en œuvre ».

Ce qui a été signé à Minsk le 12 février 2015 prévoit le retour en Ukraine du contrôle de la frontière avec la Russie, dans les sections correspondant à Donetsk et à Lugansk, et la tenue dans les deux territoires d’élections véritablement libres et démocratiques selon le droit ukrainien. En contrepartie, Kiev doit accorder aux deux enclaves un système d’autonomie gouvernementale. Mais la méfiance mutuelle maintient le processus au point mort pendant que des affrontements armés ont lieu sporadiquement.

Le « président » par intérim de Donetsk et favori du vote majoritaire, Denis Pushilin, a expliqué plus tôt ce mois-ci que la république « doit tenir ces élections » pour se doter d’un leader local et d’une assemblée. Il a promis qu’elles se dérouleront  » d’une manière transparente et dans le respect de toutes les normes internationales « , ce à quoi personne ne croit sauf Moscou. Le chef des services de sécurité ukrainiens (SBU), Vasili Gritsak, affirme que le procès-verbal avec les résultats des élections « sont déjà prêts ».

En août dernier, le chef de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) pendant près de quatre ans, Alexander Zacharchenko, a été assassiné dans une attaque non encore résolue. Pushilin a ensuite dirigé le MRN sur une base intérimaire.

Des élections ont également lieu dans la République populaire de Lougansk (LNR), pays voisin autoproclamé, avec le président sortant Leonid Pasechnik comme chef intérimaire. Il a remplacé Igor Plotnitski il y a tout juste un an, qui a été déplacé par une grève noire.

Donetsk et Lugansk ont pris les armes contre le gouvernement ukrainien en avril 2014, un mois après que la Russie eut annexé la Crimée. Une guerre a éclaté que Moscou a menée en envoyant des armes, de l’argent et des hommes pour soutenir les séparatistes. Depuis lors, selon l’ONU, le conflit a fait 10 000 morts. Les accords de Minsk, conclus sous la médiation de l’Allemagne et de la France, ont tenté, sans succès jusqu’à présent, de mettre un terme définitif à l’affrontement armé entre l’armée ukrainienne et les milices rebelles.