Dreamworks animation un studio dans le vent

2000, DreamWorks SKG crée une nouvelle division destinée uniquement à la production de films d’animation, DreamWorks Animation. Premier film à sortir officielement de cette nouvelle écurie : un long-métrage des studios Aardman et pas des moindres puisqu’il s’agit de Chicken Run, le remake à plumes de La Grande Evasion… Auparavant, DreamWorks SKG avait déjà concocté trois long-métrages 3D et animation traditionelle : Fourmiz, Le Prince D’Egypte et La Route d’Eldoraro ! Le succès est plus ou moins au rendez vous mais DreamWorks décide néanmoins de monter un nouvel empire et de contrer le roi d’Hollywood en matière de films d’animations : les Walt Disney Studios. Précisons qu’en 2000, la collaboration avec le studio Pixar a permis à Disney d’offrir aux spectateurs du monde entier trois films devenus cultes : Toy Story, 1001 Pattes et Toy Story 2 ! Rien que ça… Le petit jeu des sept différences va s’instaurer entre les deux majors et Pixar, devenu aujourd’hui une entité symboliquement indépendante des studios Disney, de devenir l’ultime ennemi des studios DreamWorks ! Mais qu’est-ce qui différencie ces deux compagnies ? Sur la forme, les qualités d’animation sont quasiment sur un pied d’égalité et les nouvelles technologies repoussent à chaque film les limites de l’incroyable. Qu’on le veuille ou non, le travail effectué sur Shrek 3 est quasiment aussi lourd que le travail sur Ratatouille… Ce qui change, et ce de manière flagrante, c’est bien les capacités de ces deux studios à se renouveller mais également à créer des oeuvres plus ou moins intemporelles. Inutile de jouer le match Pixar vs Dreamworks, les prétentions ne sont pas les mêmes et les ambitions proprement opposées. Mais pourquoi les films DreamWorks perdront certainement de leur interêt avec le temps ? C’est la question que nous nous posons aujourd’hui !

Table des matières

LE STUDIO QUI TRAVAILLE LA NUIT

DreamWorks, un studio dans le vent ? Revenons un instant sur la filmographie 3D du studio… Si nous évoquons uniquement cette technique d’animation c’est que les studios ont définitivement arrêté la production de films en animation traditionnelle en 2003 avec les fougeux Sinbad et Spirit. Les ambitions visuelles étaient présentes, il manquait cette originalité qui aurait pu faire de ces deux films des classiques d’animation. Deux franchises, donc, qui réunissent cinq films : Shrek et Madagascar, tout autant de productions isolées : Gangs de requins, Nos Voisins les hommes, Souris City, Bee Movie et Kung-Fu Panda ainsi qu’une bonne pâte : Wallace et Gromit ! Onze films au total sur sept ans. Contre neuf Pixar en douze ans ! Le rendement Dreamworks fait rêver. Mais à quel prix ? Le mode de production, stakhanoviste, tente depuis Shrek 2 de réaliser deux long-métrages par an. Un pari qui, avec le temps, semble nuire à la qualité des films et également à leur intemporalité ! Lorsque Pixar sort un film par an, ce n’est pas par manque de temps ou d’effectifs, ni uniquement afin de faire mûrir tous leurs projets… Mais bien pour faire de chacune de leurs oeuvres un véritable évènement en soi ! Il est important pour le studio à la petite lampe de bureau d’imposer un rythme régulier et une certaine attente. A l’instar de Disney qui sortait son film de Noël, Pixar sort un chef d’oeuvre par an ! Pas un de plus, pas un de moins… La distance est importante entre les sorties, elle permet au film d’exister sous différentes exploitations et de préparer le terrain pour les films à venir. Cela paraît évident mais les studios Dreamworks, s’ils communiquent avec talent sur leurs films, ne cherchent malheureusement pas à créer une aura de prestige autour de leurs productions. Ainsi, on se retrouve avec des chiffres bien en deçà des résultats de Pixar (Gang de requins), des sorties expédiées (Souris City) et de légers flops (Bee Movie)… A force de vouloir faire vite, les films manquent d’exister et de se faire une place dans le monde désormais très fourni du cinéma d’animation. Le temps les efface…

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SHREK XVI ET AUTRES SUITES…

Et que devons nous penser de cette frénésie des suites ? Shrek est déjà parti pour deux autres aventures royales en 2009 et 2011 et Madagascar 2 arrivera sur nos écrans en décembre prochain. Si elle s’intègre parfaitement à l’activité Hollywoodienne qui impose aujourd’hui de créer une suite au moindre succès public (et même quand le film ne marche pas on peut espèrer un second opus… fort !), elle est malheureusement devenue une étiquette attribuée au grand studio ! En moyenne, DreamWorks crée autant d’oeuvres originales que de suites mais étant donné que ces dernières réprésentent le fer de lance du studio au box-office, elles en deviennent la seule et unique vitrine, occultant leur travail sur des films mineurs mais efficaces comme Nos Voisins les hommes… Les mauvaises critiques subies par Shrek Le Troisième témoignent d’une véritable lassitude de la part des professionnels comme du public. La recette ne change pas mais le tout commence à sérieusement perdre du goût ! Et l’on peut se demander après l’enchâinement des mini-sketchs de Shrek 3 ce que pourraient nous proposer Shrek 4 et 5 … Même chose pour Madagascar 2 qui, malgré son potentiel, risque de vite tourner en rond et une fois de plus, mettre les seconds rôles au premier plan. En effet, la spécialité de Dreamworks est de créer des personnages principaux peu épais et terriblement fades, en totale opposition avec une galerie de seconds couteaux croustillants allant de l’écureuil dans Nos Voisins les hommes, les limaces de Souris City, les pingouins de Madagascar ou l’intégralité des personnages de Shrek en dehors des principaux concernés, l’ogre vert et Fiona qui ont depuis Shrek 2, fortement désertés l’écran ! Un comble de faire disparâitre ses propres figures de proue…

Autre particularité de Dreamworks : leur capacité à réunir à chacun de leur film un casting de voix incroyable ! Tout Hollywood y est passé : Angelina Jolie, Will Smith, Martin Scorsese, Robert de Niro, Bruce Willis, Ben Stiller, Cameron Diaz ou Renée Zellweger… Bref, un véritable boulevard de stars ! Depuis Fourmiz, Dreamworks s’est spécialisé dans l’interim de grands noms du cinéma américain et pousse l’antropomorphisme à son paroxysme dans Gang de Requins en attribuant aux personnages les traits de visages et de caractère des doubleurs. Si l’effet est parfois saisissant et le doublage assez réussi, 90% de la communication du film se fait autour des prestations des comédiens. Certes ce ne sont pas des acteurs de seconde zone mais le fait de mettre en valeur le casting plutôt que l’histoire du film témoigne d’un véritable manque d’enthousiasme autour des intrigues qui semblent, au fil du temps, perdre de leur originalité et de leur fraîcheur. En comparaison, les Pixar soignent également leur casting de voix mais ne forcent que très rarement la publicité autour de ce dernier. Les techniques mercantiles ne sont pas les mêmes mais le résultat est là : on se souvient des noms des personnages des films Pixar, très peu des films Dreamworks…

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UN MONDE BOURRÉ DE REFERENCES

Les films d’animation intemporels sont ces films qui savent prendre des distances avec leur époque, proposer des univers différents du notre, inspirés mais transformés… Depuis toujours, le cinéma d’animation est parvenu à s’affranchir de l’actualité, de la publicité ou des modes. Difficile, encore aujourd’hui, de trouver dans un Disney ou un Pixar une référence à une boutique Gap, un café Starbucks, une paire d’adidas ou un poster de Justin Timberlake. A l’inverse, les films Dreamworks en sont bourrés et leur humour se constitue principalement autour de ces clins d’oeils qui d’ici quelques années auront perdu de leur sens. C’est malheureusement ce qui nuira le plus aux productions DreamWorks : cette incapacité quasi-totale à créer de toute pièce un univers non-référentiel et n’existant pas par le biais d’autres éléments. Les castings vocals participent déjà à nous ancrer dans une réalité mercantile propice à nous éloigner de l’histoire. De la même manière, les bandes originales renvoient constamment à des tubes populaires qui ont déjà fait leurs preuves mais ne créent pas une nouvelle mythologie musicale autour de leur film. Si l’on compare la partition spectaculaire des Indestructibles, devenu une référence en matière de films d’aventure et d’action à la compilation pop-rock de Shrek 3, on sait quel travail fera date dans l’histoire du cinéma d’animation… Sans réfléchir très longtemps. Il est important de voir les limites d’un studio performant dont les ambitions semblent répondre à des obligations financières plus qu’à de véritables paris artistiques. DreamWorks est en position de force et pourrait devenir un studio d’animation proprement intemporel s’ils arrivaient à créer des univers nouveaux et originaux. Shrek étonnait par son aspect irrévérencieux et son approche clandestine du cinéma d’animation mais il semble aujourd’hui l’exception d’une boîte de production essayant d’aller plus vite que la musique et qui laisse courir, loin devant elle, Pixar… Le studio est jeune et demande maturation, un ressaisissement lui permettrait de devenir un véritable lieu de création et non plus de récréation ! On reste confiant…

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