Covid-19, les municipalités orphelines de leur maire

La polémique à propos du maintien du premier tour des élections municipales est loin d’être terminée. Si les forces politiques d’opposition écharpent violemment le gouvernent à ce sujet, les administrés sont encore sous le choc des conséquences de cette décision. Partout en France, des maires, récemment élus ou réélus, membres du conseil municipal, citoyens volontaires assesseurs, et autres citoyens ayant le Droit de vote chevillé au corps, meurent.

Et au-delà de l’aspect humain, la question administrative se pose, car la situation est terrible. Assez pour que le Gouvernement soit obligé de prendre des mesures en urgence.

« Des gens sont morts pour qu’on ait le droit de vote »

Et d’autres sont morts d’avoir voté. Cette phrase aurait été surréaliste quelques mois plus tôt. L’idée même qu’un acte aussi facile dans notre pays puisse conduire à une conclusion aussi funeste nous paraissait impossible. Grotesque, même.

Et c’est pourtant arrivé. Dans une grande enquête, FranceInfo nous apprend que si le nombre de « maires victimes du scrutin » est inconnu, le Gouvernement a dû publier une ordonnance pour pallier les problèmes légaux et administratifs que cela engendrait.

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Une urgence légale pour certaines communes

Face à la mort de leur maire et/ou de ses adjoints, de nombreuses communes se sont retrouvées pieds et poings liés administrativement et légalement. Impossibilité de signer quoi que ce soit, de débloquer des fonds, d’engager des mesures… Si la Loi prévoit déjà qu’en cas de décès du maire élu, l’adjoint-e prend l’intérim en attendant une nouvelle élection, elle ne propose pour ce faire qu’un délai de 15 jours. Intenable en les circonstances actuelles, bloquant ainsi les communes sans tête d’administration valide.

Alain Lalouette, maire par intérim de Sain-Brice-Courcelles(Marnes), expliquait :

“On ne pouvait plus rien faire, car on n’avait plus les signatures. On ne pouvait plus payer.”

Dans une ordonnance publiée le 8 avril 2020, le gouvernement prolonge le délai d’intérim jusqu’à la fin de l’état sanitaire.
Alain Lalouette explique que cela permet donc de gérer « le tout-venant » et les petites dépenses, en attendant l’élection du futur maire.

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Un scandale politique qui n’évitera pas… le scandale politique

Dans sa conclusion, FranceInfo revient sur les possibles raisons qui ont conduit au maintien des élection municipales. Ils invoquent notamment l’idée avancée par des « experts en sciences sociales du groupe » que l’annulation pure et simple du premier tour aurait eu des conséquences politiques lourdes.

Arguant que l’opposition aurait pu s’emparer de ce report pour dénoncer une « confiscation du scrutin », le report était dès lors inenvisageable. Par ailleurs côté Gouvernement, on explique que « les scientifiques ne s’opposent pas à ce que les Français, même les plus vulnérables se rendent aux urnes ». Et côté conseil scientifique, on rejette la faute directement sur les élus :

« On est parti du principe que les élus étaient des gens responsables », justifie aujourd’hui un de ses membres. « Les hommes politiques s’engagent à piloter une commune. Ils occupent des fonctions importantes. Ils sont censés mettre en place et faire respecter les mesures nécessaires. S’ils ne l’ont pas fait, c’est inquiétant. »

Pour l’heure, ce qui est inquiétant, c’est que cela ne semble être de la responsabilité de personne… sauf des victimes.

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