Longtemps les politiques de santé ont été divisées concernant l’usage du cannabis à des fins médicales. Quand certains y voient une drogue pure et dure sans effet thérapeutique, d’autres y voient une source médicamenteuse non négligeable à condition d’être encadrée.
Face à cette division concernant la classification du cannabis, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mené une enquête et a rendu son verdict. Celui-ci est en faveur d’une reclassification du cannabis dans la Convention unique des stupéfiants de 1961. La plante y est revalorisée passant de la section IV à la section I. On vous explique ce que ce changement entraîne.
L’ONU a modifié la classification du cannabis
Le cannabis est une famille de plantes dans lequel on retrouve le chanvre. Elle est à l’origine d’une diversité de molécules dont les deux plus connues sont le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC) dits cannabinoïdes. La consommation de ces cannabinoïdes a des effets différents sur le corps. Ce sont ces effets qui ont généré des divergences de point de vue concernant la classification du cannabis en tant que stupéfiant, ou non. Si l’on associe au THC des effets psychotropes nocifs pour la santé, le CBD suscite de réels espoirs médicaux pour ses vertus calmantes et relaxantes loin des effets psychotropes du THC.
Jusqu’à maintenant, le cannabis était classé dans la section IV de la nomenclature officielle des drogues encadrée par la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND). Cette section englobe les stupéfiants dangereux en raison de leur potentiel addictif élevé, sans aucune potentialité médicale venant contrebalancer.
Toutefois, face à l’afflux des produits dérivés du cannabis vendus pour leur effet relaxant comme l’ huile de cbd, l’Organisation Mondiale de la Santé a mené une enquête. Celle-ci avait pour objectif de déterminer les effets du cannabis sur le système, et son potentiel thérapeutique. Cette enquête a abouti à reconnaître les vertus du cannabis pour la santé.
Toutefois, le fait que la plante reste dans la nomenclature montre qu’elle continue à être considérée comme un stupéfiant. L’OMS voulait qu’elle soit tout bonnement retirée de ce classement, mais un compromis a été trouvé. La revalorisation du CBD sans l’exclure des stupéfiants reste de mise.
Qu’est-ce que cela change ?
Le fait que le cannabidiol (CBD) soit reconnu par l’ONU est une grande avancée. Cette reconnaissance thérapeutique permettra de faire taire les polémiques concernant l’utilisation de dérivés du cannabis et de justifier leur commerce. L’ONU étant un acteur mondial de premier ordre, d’autres pays suivront sa démarche en assouplissant la législation par rapport au cannabis.
Certains pays comme l’Uruguay ou le Canada qui commercialisaient la molécule ne contreviendront ainsi plus à la loi. Pour d’autres pays très zélés sur l’interdiction du cannabis, comme la France, c’est potentiellement l’ouverture à plus de souplesse. La législation sur le CBD nouvellement acquise, rendra peut-être possible la consommation de cannabis en France. C’est ce que du moins suggère Yann Bisiou, maître de conférences à l’Université Montpellier-III et cofondateur de l’association L360.
En effet la France n’autorise aujourd’hui que l’usage des graines et des fibres de CBD voire un CBD de synthèse, mais aucunement des produits dérivés du CBD comme la populaire huile de CBD. Cela a d’ailleurs été l’objet du procès Kanavape au sujet d’une cigarette électronique fabriquée à base d’huile issue de CBD. Les créateurs de la cigarette avaient été condamnés à de l’emprisonnement et une amende de 10 000 euros.