#Blacklivesmatter : un mouvement de soutien à la communauté Noire

Quelques jours après le décès de l’afro-américain Georges Floyd à Minneapolis aux Etats Unis, dont le rapport d’autopsie a conclu à une mort « par homicide » suite à la « pression exercée sur son cou » par le policier qui procédait à son arrestation, c’est un véritable soulèvement d’indignation et de colère qui s’est répandu aux Etats Unis et en Europe contre le racisme et les violences policières.

Retour sur le déroulé d’une arrestation à la fin tragique

Lundi 25 mai, aux alentours de 20h, un homme se rend dans un magasin pour acheter des cigarettes. Les employés suspectent que ce dernier ait utilisé un faux billet de 20 euros et appellent la police. Quelques minutes plus tard, la police est arrivée sur les lieux et l’un des officiers menotte l’homme suspecté, George Floyd. L’individu est ensuite plaqué contre un mur et finalement assis par terre. Alors qu’une deuxième voiture de police arrive en renfort, l’homme menotté refuse de monter à bord dans la voiture de police, en expliquant être claustrophobe et s’effondre près du véhicule.

Une troisième voiture de police arrive sur les lieux, avec à son bord les officiers Tou Thao et Derek Chauvin. Un des officiers tente de le faire rentrer à l’arrière mais l’officier D. Chauvin finit par faire ressortir George Floyd en le plaquant au sol. Des témoins filment la scène. Trois officiers vont alors procéder à l’immobilisation de l’afro-américain. Alors que deux policiers exercent déjà une pression au niveau des jambes et du dos de l’homme opposant une résistance, l’officier Chauvin exerce une pression sur son cou avec son genou.

George Floyd, qui n’arrive plus à respirer, supplie les policiers de ne plus appuyer sur son cou :

« Je n’arrive pas à respirer. S’il vous plaît, le genou sur mon cou. »

Un des officiers, ayant remarqué que l’afro-américain saigne de la bouche, décide d’appeler les secours mais l’officier appuyant sur le cou de ce dernier ne se relève pas pour autant. L’homme interpellé répète plus d’une dizaine de fois qu’il n’arrive pas à respirer tandis qu’un des officiers lui enjoint de monter dans le véhicule de police, ce qu’il ne peut pas faire dans la mesure où il est maîtrisé au sol.

A 20h25, l’afro-américain semble inconscient et des témoins le font remarquer à la police, je cite :

« il ne bouge pas ! »

20h26, les secours arrivent et c’est finalement lorsqu’ils prennent en charge l’homme menotté que l’officier Chauvin retire son genou du cou de ce dernier. La pression sur son cou aura duré plus de 8 minutes. Il est 20h32 lorsque les pompiers arrivent sur les lieux. George Floyd qui se trouve dans l’ambulance est pris d’un malaise cardiaque. Les pompiers, qui mettent plus de 5 minutes à trouver l’ambulance, n’ont pas réussi à le réanimer.

Déclaré mort à 21h25, Georges Floyd est une nouvelle victime du racisme et des violences policières qui sévissent aux Etats-Unis. Ce décès a ravivé une profonde colère des américains.

Des scènes de violences urbaines et des manifestations embrasent les Etats-Unis

Une semaine après le décès de l’homme afro-américain âgé de 46 ans, mort par asphyxie des suites de son interpellation à Minneapolis dans l’Etat du Minnesota, les nuits de violence et les manifestations continuent jour après jour.

Le mardi 2 juin a été l’occasion pour plus de 60 000 personnes de rendre un hommage à cette nouvelle victime des violences policières sur fond de racisme, à Houston dans le Texas, où l’homme afro-américain a grandi.

De Manhattan à Los Angeles, des manifestations ont eu lieu et les manifestants se sont fait entendre en criant des phrases comme « Black Lives Matter ! » (en français « la vie des Noirs compte ») ou tout simplement « George Floyd ».

Si le calme semble être revenu à Minneapolis, ville dans laquelle le drame s’est déroulé, l’embrasement continue de se propager dans un nombre important de villes des Etats Unis, et les échauffourées et manifestations continuent de se multiplier.

Une vague de soutien sans précédent sur les réseaux sociaux

Trayvon Martin en 2012, Michael Brown à Ferguson ou encore Eric Garner à New York en 2014, ne sont que de tristes exemples de victimes des violences policières ayant suscité l’indignation et la colère par le passé. Ces trois afro-américains ont perdu la vie lors d’interpellations par la police, drames qui ont entraîné des émeutes aux Etats Unis. Entre tensions raciales et discriminations, la communauté afro-américaine est, dans certains états des Etats Unis, assez fortement touchée par les violences policières.

Si le décès de George Floyd est perçu comme la bavure de trop qui embrase les manifestations qui se déroulent en Amérique, c’est un déferlement de publications qui s’est produit sur les réseaux sociaux, en signe de soutien. Le mouvement #BlackLivesMatter est soutenu très largement, notamment sur Twitter et Instagram.

Twitter et Instagram, mobilisés contre la discrimination

Le réseau social Twitter a souhaité témoigner son soutien aux gens de couleur victimes de brutalisations policières. Sur son compte officiel, le réseau a changé sa bannière en fond noir et a ajouté en biographie de la page le hashtag #BlackLivesMatter .

Un tweet a ensuite été publié par le compte officiel @TwitterTogether , ayant lui aussi utilisé le hashtag #BlackLivesMatter dans sa bannière et dans sa biographie, afin de dénoncer ces abus.

https://twitter.com/TwitterTogether/status/1266173332140904449?s=20

On peut lire dans ce tweet :

« Le racisme n’adhère pas à la distanciation sociale. Au milieu de la peur et de l’incertitude autour de la pandémie du coronavirus, cette semaine a de nouveau attiré l’attention sur quelque chose de peut-être plus répandu : le racisme et les injustices de longue date auxquels font face les Noirs et les Bruns au quotidien ».

C’est ainsi que le hashtag #BlackOutTuesday (« mardi noir ») a émergé sur les réseaux sociaux mardi 2 juin en signe de protestation pacifique silencieuse. C’est l’industrie musicale qui est à l’initiative de ce hashtag, de nombreux labels ont souhaité que cette journée soit placée sous le signe du silence. Des chaînes de télévision comme MTVA et BET ont souhaité participer à ce mardi noir en coupant leur programme pendant 8 minutes 46 secondes, qui correspond à la durée pendant laquelle l’officier Chauvin a exercé une pression avec son genou sur le cou de George Floyd, ayant causé sa mort par asphyxie.

Sur Instagram, les utilisateurs sont nombreux à avoir partagé un fond noir sur leur page ou même dans leurs storys, parfois avec des poings de mains de différentes couleurs de peau, accompagné des hashtags #BlackLivesMatter et/ ou #BlackOutTuesday.

Le soutien fort des personnalités médiatiques

Sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter, on ne compte plus le nombre de tweets de soutien de personnes plus ou moins connues.

On peut citer, le célèbre acteur Omar Sy qui a publié sur son compte Twitter le 30 mai un dessin de George Floyd accompagné de la légende « Justice pour George Floyd, pour toutes les victimes de violences policières et leurs proches. L’injustice quelle qu’elle soit / où qu’elle soit / d’où qu’elle vienne, est une menace pour la justice PARTOUT et pour TOUS ».

L’acteur français vivant aux Etats-Unis a d’ailleurs participé à une manifestation le 1er juin dans les rues de Los Angeles. Il apparaît avec un masque et il brandit une pancarte sur laquelle on peut lire « I Can’t Breathe » (en français « je ne peux pas respirer », cette phrase longuement répétée par Floyd dans les minutes qui ont précédé sa mort). Sous la publication, on peut lire « Hier, à Los Angeles, nous avons marché en paix et solidarité en criant les noms de George, Breonna, Ahmaud et tant d’autres victimes ici aux US. Via ce post et cette photo, je crie aussi le nom d’Adama Traoré, qui, en France, le 19 juillet 2016, a perdu la vie de la même façon que George Floyd. Que leurs âmes puissent reposer en paix et que JUSTICE soit enfin faite ».

Certains artistes comme Justin Bieber ou DJ SNAKE ont également réagi sur les réseaux. Justin Bieber a tweeté « Toutes les vies n’ont pas d’importance jusqu’à ce que les vies des personnes noires comptent ».

Par ailleurs, le chanteur a également mis un fond noir hier sur son compte twitter pour le #BlackOutTuesday.

DJ Snake quant à lui a posté quelques mots très évocateurs « NO JUSTICE ~ NO PEACE » (en français « pas de justice, pas de paix ».

On peut également citer le footballeur du PSG Layvin Kurzawa, qui a partagé des photos de manifestations sur son compte Twitter avec la légende suivante : « Justice pour Adama, Justice pour George, Justice pour tous… Aujourd’hui j’ai vu une France qui marche ensemble ».

https://twitter.com/layvinkurzawa/status/1267917005094637568

Les personnalités américaines ou françaises ayant témoigné à leur manière des marques de soutien pour la cause sont très nombreuses. Ce décès dramatique a une résonance particulière en France à l’heure où les contre expertises se succèdent pour tenter de faire la lumière sur le décès du jeune Adama Traoré, décédé en 2016 suite à une interpellation, à la gendarmerie de Persan dans le 95.  

La résonance particulière de ce drame jusqu’en France, à l’heure où la justice se penche sur l’affaire Traoré

Après New York ou Los Angeles, c’est à Paris que des milliers de personnes se sont réunies pour manifester mardi 2 juin, en hommage à Adama Traoré et afin de protestant contre les violences policières. Alors que la manifestation avait été interdite par la préfecture de police de Paris, ils étaient plus de 20 000 manifestants à 19h ce mardi soir devant le tribunal judiciaire (anciennement Tribunal de Grande Instance – TGI) de Paris, porte de Clichy.

https://twitter.com/prefpolice/status/1267784581920538624?s=20

La préfecture de police de Paris a rappelé à l’occasion qu’un tel rassemblement était formellement interdit, en application du décret du 31 mai 2020 relatif à l’état d’urgence sanitaire.

A l’origine de cette manifestation, organisée par le collectif « Vérité pour Adama », une contre-expertise médicale mettant une nouvelle fois hors de cause les gendarmes ayant procédé à l’interpellation d’Adama Traoré en 2016.

De nombreux débordements et interpellations ont eu lieu à Paris à l’occasion de ce rassemblement.

Le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a vivement réagi sur Twitter, aux alentours de 00h pour condamner ces agissements. Le ministre a écrit « La violence n’a pas sa place en démocratie. Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous. Je félicite les forces de l’ordre de sécurité & secours pour leur maîtrise et leur sang-froid ».

La manifestation parisienne a été d’une ampleur inattendue, où de nombreuses expressions liées à la mort de George Floyd ont été reprises à Paris comme « I Can’t Breathe ».

Les violences policières sur fond de racisme sont, plus que jamais, au cœur de l’actualité, aux Etats Unis comme en France.